Fachoda, 1898, point stratégique de l’histoire.

Fachoda, 1898,  point stratégique de l’histoire.
« Le partage de l’Afrique » ou encore, « La course à l’Afrique »

Francis BARBE
Communication du 12 novembre 2009

 

L’aventure commence par celle des explorateurs

On doit à un Anglais, Livingstone, puis à Stanley, un Anglais devenu Américain, la découverte de l’Afrique et du mythique fleuve Congo. C’est Stanley qui, par la presse, donnera un large retentissement à ses aventures, dont le fait d’avoir retrouvé Livingstone.
En 1878,  Stanley se met au service de Léopold II, Roi des Belges, pour lui délimiter un empire colonial, dans le cadre de conférences européennes qui établissent le canevas du partage.  Pour les États concernés il s’agissait d’éviter la rencontre de missions militaires étrangères et concurrentes qui pouvaient dégénérer en conflits ouverts entre 1880 et 1914. Cette inquiétude était tout à fait fondée lors-qu’apparaîtra le conflit d’occupation à Fachoda. Les traités, après la guerre de 1914-1918, ne feront pas l’exonération du partage des colonies et l’Allemagne s’en retrouvera dépourvue.

Mais  au moment des conférences pour le partage de l’Afrique, c’était sans compter Savorgnan de Brazza,  (naturalisé Français en 1874, soit deux ans après que Stanley ait retrouvé Livingstone).

Pierre Savorgnan de Brazza nait aux environs de Rome en 1852.  Il est le septième fils du comte de Brazza, Italien cosmopolite et patriote. Il prépare à Paris, l’école navale de Brest où il est admis au titre d’étranger. En 1870 en pleine guerre, il demande la naturalisation française.

Mais avant de devenir Français, c’est en tant qu’officier aspirant de marine, sur le bateau « La Vénus »  qu’il a remonté les fleuves Congo et Ogooué, au Gabon où la France possède un établissement à Libreville fondé en 1849 pour abriter les esclaves libérés. Avant lui, des Français avaient tenté de remonter le cours de l’Ogooué. Brazza va étudier leurs expéditions. Il pense que les deux fleuves sont reliés en amont.

En 1875, avec l’autorisation du ministre de la marine, il va tenter sa chance, avec le concours de sa fortune personnelle, accompagné du naturaliste Marche et du médecin Ballay, et de douze fantassins. Ils vont découvrir l’immense région qui sépare le bassin de l’Ogooué des régions du haut-Nil et du Tanganyika.

En 1877, Brazza passe sans s’en douter du bassin de l’Ogooué à celui du Congo. Mais à moins de cinq jours de marche du grand fleuve, la mission, exténuée, fait demi-tour et revient à Libreville en 1878.

C’est à ce moment qu’il apprend qu’un autre explorateur, parti de la côte orientale en 1874, est arrivé l’année précédente sur la côte occidentale, à l’estuaire du Congo. Ce n’est autre que Stanley, dit « Boula Matari » (« Casseur de rochers »).

Les deux explorateurs ont fait la preuve que les cours du Congo et de l’Ogooué avaient la particularité d’être orientés différemment dans leurs cours supérieur et inférieur.
C’est en cette même année (1878) que Stanley s’est mis au service des intérêts privés du Roi des Belges, Léopold II, qui l’a chargé de lui conquérir un Empire, grand comme 80 fois la Belgique, 3e pays africain et 12e au plan mondial (aujourd’hui : Congo Kinshassa).

Dès lors va se jouer une course haletante entre deux hommes, diamétralement opposés  quant à l’éthique de la colonisation. L’un, Stanley, est un mercenaire civil, qui travaille par intérêt, s’enorgueillit d’avoir livré 32 combats à coups de fusil et va à l’assaut avec son armée de Zanzibarites, comme le feront nombre de militaires en mission. L’autre, Brazza, militaire, exception en la matière, qui a comme modèle Livingstone et qui pénétrera en cheminant, en palabrant, en jouant sur la communication par une approche pacifique, pour se faire admettre auprès des roitelets africains.

Les deux hommes vont repartir en 1879. Brazza reprend le chemin fait quatre ans auparavant, atteint le Congo en octobre 1880, au bief navigable du pool, et fonde Brazzaville, où il laisse le sergent Malamine, puis redescend vers l’Atlantique et traite avec  Makoko, roi des Matékés. Stanley perd du temps à remonter les cataractes du bas Congo avec son énorme matériel.

Les deux hommes se rencontrent : Brazza, déguenillé avec sa petite troupe et Stanley le mercenaire et son armada de porteurs.

Le royaume impérial du Roi des  Belges, n’empiétera pas sur la rive droite du fleuve Congo.

Brazza, en 1883, est nommé commissaire général des stations congolaises qu’il a données à la France. En 1886, il est Commissaire général avec juridiction sur le Gabon et le Congo qui composent deux colonies autonomes placées sous son autorité. Il se marie  en 1895 (son épouse descend en ligne directe de Lafayette).

La politique des gouvernements et du Ministère des Colonies étant de s’enfoncer vers le Centrafrique sur la rive droite du fleuve Congo, plusieurs missions, à partir de 1890 avec Brazza à leur tête, vont essayer de trouver les chemins les plus appropriés pour s’engager à l’est.

« La mission Congo-Nil »

Les principaux participants sont :

Jean-Baptiste Marchand (22 novembre 1863-13 janvier 1934)

 

Officier d’infanterie coloniale, il sera le chef de la mission Congo-Nil. Il s’engage volontairement à 19 ans, à Toulon, dans l’infanterie de marine, comme simple soldat.
Intégré au 4e Régiment d’Infanterie de Marine (RIM). Il rejoint ensuite l’école d’officiers d’infanterie de marine de Saint-Maixent, officiers sortis du rang, qu’il quitte avec le grade de sous-lieutenant en 1887. Il a 24 ans. Il devient officier de tirailleurs sénégalais et participe aux opérations de conquêtes africaines sous les ordres du colonel Louis Archinard. Il est promu capitaine à 29 ans.

Il reçoit le commandement de la mission Congo-Nil qui cache en fait un vrai mobile politique : l’occupation de Fachoda « nœud de la croix africaine entre la verticalité anglaise et l’horizontalité française ». Ce projet datait des années 1893 et c’est le colonel Monteil qui aurait dû le diriger comme nous l’avons vu précédemment. Une polémique couvera entre Monteil et Marchand au sujet de la primauté de l’idée.

Après l’épisode de Fachoda, Marchand va acquérir une très grande popularité en France, ce qui le conduira à démissionner en 1904 à la suite de l’ « affaire des fiches ». Cette affaire concerne des notes et des  appréciations manuscrites qui seront portés sur chaque officier, quant à ses opinions politiques et surtout confessionnelles, et ceci en dehors de sa fiche militaire. Ceci n’avait d’autre but que de favoriser les officiers Républicains, parait-il, défavorisés sur le plan de la carrière.

Marchand, démissionnaire va s’essayer à une carrière politique dans le civil Il sera d’abord journaliste puis, après son mariage avec une noble gardoise Raymonde de Serres de St Roman, il sera élu conseiller général du Gard en 1913 dans le canton de Sumène et le restera jusqu’à 1925. À la déclaration de guerre il reprendra du service dans l’armée et aura trois blessures dont une très grave par une balle de mitrailleuse reçue dans le ventre. Il finira la guerre comme général de division.

Cet homme avait une santé de fer, qui l’avait conduit à mener à bien une prodigieuse expédition à travers l’Afrique, d’ouest en est, de l’Atlantique à l’Océan Indien, comme l’avait fait en sens inverse Stanley.

Malgré la défaite politique et l’abandon de Fachoda, l’exploit historique de Marchand et de sa poignée d’hommes, fit quand même l’admiration des Britanniques.

Charles Mangin (06 juillet 1866 – 12 mai 1925)

 

Élève de l’école de St Cyr, il sert au Soudan. Capitaine, il participe à la mission Congo-Nil sous les ordres de Marchand. Il a incarné le type de l’officier colonial courageux et infatigable, impétueux, dominant les hommes et forçant les événements. Pendant la guerre de 1914-1918, il est général de brigade puis général de division. Partisan des troupes coloniales, qu’il appelle « la force noire », il ne ménage pas ses troupes et s’oppose en cela à Pétain. En 1917, dans les combats du Chemin des Dames, à la VIe armée, il perdra 30 000 soldats, soit 8 % de son effectif en 2 semaines, ce qui entrainera, en mai, les mutineries et  les désertions au sein de la VIe armée et lui vaudra le surnom de « Broyeur de noirs ». Pétain le marginalisera, suite à une affaire de manipulations de statistiques. C’est un personnage très dur, très courageux, mais sacrifiant parfois – on devrait dire souvent – ses troupes, héritage des méthodes de conquête coloniale. Il meurt à table, au restaurant, à 59 ans. La droite soutiendra qu’il a été empoisonné.  Il a une statue à Paris.

Albert Baratier (11 juillet 1864 – 17 octobre 1917)

 

Il fait l’école de Saint-Cyr en 1883, d’où il sortira sous-lieutenant en 1885. Il sert en Algérie ;  puis, en Afrique, il prend part aux opérations contre Samory, où il rencontre Marchand et se distingue particulièrement à l’attaque de Diamanko, à la suite de quoi il sera promu chevalier de la Légion d’honneur. Capitaine, il fera partie ensuite de la mission Congo-Nil qui ralliera Fachoda.

C’était un homme de petite taille. Voici comment le décrivait le peintre Castellani qui fera partie de l’expédition et qui se faisait mal aux méthodes et la discipline de celle-ci.

« BARATIER ne m’épate pas, il est si petit et si mince, qu’il finit par en abuser pour faire des prouesses. Il me paraît impossible étant donné son peu d’épaisseur, qu’il ne soit jamais atteint par des projectiles. Il n’a aucun mérite à se porter en avant, ce sont ceux de derrière qui sont atteints. »

Général de division pendant la guerre de 1914-1918, Joffre lui fait rencontrer Kitchener sur le front, les deux hommes ne se sont pas revus depuis Fachoda. Kitchener est un géant, Baratier n’est pas grand. Aussi pour conserver l’avantage saluera-t-il son visiteur, du sabre, debout sur son cheval. Le général Baratier meurt au cours d’une visite de tranchée, d’une crise cardiaque, en octobre 1917.

Autres participants de la mission Congo-Nil :

  • le Capitaine Germain,
  • l’enseigne de vaisseau Dyé,
  • le médecin Emily,
  • le lieutenant Fouque,
  • les sergents Bernard, Dat, Venail,
  • Moîse Landeroin, interprète, tient les carnets de route,
  • le peintre Castellani abandonnera en cours de route,
  • le Capitaine Largeau participera à la recherche de la mission que l’on croyait perdue

Une mention spéciale sera faite ici à Felix Barbe, né le 26 août 1864 à Saint-Jean-le- Centenier en Ardèche, mort le  03 mars 1919 à Saïgon et inhumé à Cholon.

C’est au petit séminaire d’Aubenas que le jeune homme terminera ses études en classe de rhétorique. Refusant de rejoindre le grand séminaire de Viviers, il montera à Paris où il deviendra précepteur d’enfants dans des familles allemandes de la noblesse. Devint-il franc-maçon ? Il est admis que cela aidait à partir en Afrique. Nous n’avons aucune information sur sa vie à cette époque. Nous retrouvons le fil de son existence dans un carnet de voyage qu’il tiendra à jour pendant son voyage de Marseille à Brazzaville, un récit, haut en couleurs.

Parti de Marseille le 10 août 1893, le bateau « Le Liban » est une vraie arche de Noé, car il transporte la troupe du général Dodds qui va conduire pour la troisième fois une armée qui s’y battra contre les fameuses « Amazones », pour la conquête du Dahomey.  Ces femmes soldats montaient à cheval et maniaient la lance et le sabre, comme des hommes. Des dessins les figurent dans l’encyclopédie histoire de l’Afrique de Philippe Héduy.

« Le  Liban » transporte aussi, la mission Monteil qui doit reconnaître les passages du bassin du Congo vers les sources du Nil, pour occuper le point stratégique de Fachoda. Monteil devant être le chef de cette mission.

Le bateau va faire escale dans tous les grands ports de la côte ouest de l’Afrique avant d’arriver, le samedi 9 septembre 1893, à Libreville, centre administratif du Congo d’alors, partagé ensuite en Gabon (Libreville) et Congo (Brazzaville).

Désigné pour rallier Brazzaville, Félix rejoindra par bateau le port de Loango, puis Brazzaville, et, à pied, à travers la forêt tropicale du Mayombé, petite balade de 550 kms en  25 jours (20 septembre – 15 octobre 1893, soit une moyenne de plus de 20 km par jour.
Monteil, arrivé à Brazzaville, fut avisé de se rendre en Côte d’Ivoire au lieu de mener son expédition de reconnaissance vers le Haut Oubangui, et ce sera son second, le capitaine Descases, qui sera chargé de la mission de reconnaissance. Félix Barbe sera désigné pour accompagner la moitié de la troupe de Decazes, pendant que l’autre moitié  de la mission restera avec Monteil, pour aller se battre en côte d’Ivoire où Monteil sera blessé gravement et de ce fait ne pourra conduire l’aventure vers Fachoda pour laquelle il avait été choisi.
À 30 ans, Félix Barbe va vivre l’aventure africaine d’exploration et fera la moitié du parcours que fera plus tard, la colonne Marchand depuis Brazzaville vers Fachoda.

Au retour de cette expédition, Barbe deviendra l’adjoint de Gentil qui, à cette époque, est le chef du magasin de Brazzaville chargé d’approvisionner toutes les missions, et elles sont nombreuses. Quand Gentil sera lui aussi chargé de mission en 1895, c’est Félix Barbe qui deviendra le chef des approvisionnements de Brazzaville et, à ce titre, préparera la mission Marchand, mais sera absent, lors du départ de la mission, étant en congé de six mois. Il sera par la suite, chef de poste, de station et administrateur. Il continuera sa carrière en Indochine, comme trésorier-payeur général. Il a laissé des documents très intéressants relatifs à la société africaine.

Pour mémoire, extraits du Carnet de route de l’expédition Marchand vers Fachoda :

 

  • 19 Juillet 1896 : Arrivée du capitaine Marchand à Libreville. Il y retrouve Mangin et le Dr Emily, qui auraient déjà, dû être partis.
  • 24 Juillet 1896 : Arrivée à Loango. Problème de portage. Marchand accuse d’incurie l’administration de Brazza, mais il oublie qu’il faut 12 000 porteurs pour transporter les 12 000 charges de 30 kilos (5000 pour lui, 3000 pour le Haut-Oubangui, 2000 pour la mission Gentil qui par le Chari va aller au Tchad, et 2000 ou la colonie du Congo).
  • 18 septembre 1896 : départ de Loango pour Brazzaville. Mutineries de tribus en cours de route que  Baratier et Mangin répriment violemment.
  • 8 novembre 1896 : arrivée à Brazzaville, qui n’a pas reçu son approvisionnement et qui meurt de faim.
  • 10 janvier 1897 : 13 500 charges sont arrivées à Brazzaville.
  • 11 avril 1897 : arrivée à Bangui et changement d’itinéraire prescrit par Liotard : Ziber par Tamboura et démontage du vapeur. Deux mois de travaux d’Hercule, chaudière démontée et traînée et coque qui passe à la perche.
  • 1er août 1897 : la mission est à 80 km seulement de Tamboura et ils sont partis, depuis un an. Transport de la chaudière du Faidherbe entre la Méré et le Soueh et  remontage du vapeur.
  • 22 novembre 1897 : mise à l’eau du Faidherbe sur le Soueh. Fondation du poste des Rapides.
  • Fin novembre 1897 : fondation du poste de Fort-Desaix. À ce moment, l’armée anglo-égyptienne qui marche contre le califat est encore à Berber.
  • 12 janvier 1898 : Baratier et Landeroin partis de Fort-Desaix atteignent le lac Nô qui marque le confluent des deux bahrs et reviennent le 26 mars après un voyage de 72 jours.
    À ce moment-là tout le monde à Bangui et à Brazzaville croyait la mission perdue et anéantie. On envoya même Largeau à leur recherche le 1er mars 1898.
    Marchand est bloqué à Fort-Desaix pendant deux mois, en attendant de voir remonter le niveau d’eau dans la rivière Soueh. En attendant il fait un voyage de 800 kms dans le sud et il rentre le 3 mai exténué.
  • 4 juin 1898 : la crue enfin arrivée, c’est le départ vers Fachoda.
  • 12 juin : arrivée à l’entrée du marais, 12 jours pour traverser 40 kms.
  • 24 juin : sortant du Soueh, la flottille s’engage dans le Bahr el Ghazal.
  • 5 juillet : arrivée à Fachoda, au confluent du Bahr el Djebel, qui devient le Nil blanc, de.
  • 10 juillet 1898 : la mission Marchand débarque et s’installe à Fachoda, deux ans après son départ de Libreville. Et il n’y a aucun derviche et aucun britannique à l’horizon.

Fachoda, point culminant de la rivalité franco-britannique

 

Quand Marchand et ses compagnons arrivent à Fachoda, c’est pour découvrir une ville ruinée par la conquête et l’occupation des troupes derviches. Conduits par le khalife Mahdi, un prophète qui au nom de la foi a rassemblé une armée, les derviches ont créé des troubles dans le sud de l’Égypte et au Soudan, contrariant, de ce fait, la progression des Anglais depuis l’Égypte vers Fachoda, car il est incontestable que les Anglais étaient au courant du projet français. Les Français tenaient le Nil et ils avaient devancé les Anglais.

Le 12 juillet 1898, le drapeau français montait au mat et le capitaine Marchand, au nom de la France déclarait prendre possession de Fachoda. Il ne sait rien des troupes anglo-égyptiennes et il lui faut rencontrer au plus tôt l’expédition venue d’Abyssinie, clé de voûte de l’expédition. Les Français construisent un fort avec les ruines, en attendant l’arrivée du vapeur, englué dans les roseaux et les marais.

Six semaines se passent sans que Marchand ait une quelconque information aussi bien sur les Anglais que sur les Abyssins.

25 août 1898 : Arrivée de deux bateaux à vapeur, pris aux Anglais et montés par l’armée Mahdiste ; combat des 98 soldats français contre 1 millier de derviches. Fuite des derviches et quelques blessés seulement côté français, mais 14 000 cartouches avaient été brûlées et il n’en restait que 28 000.

  • 29 août 1898 : arrivée,  enfin, du « Faidherbe ». Annonce d’un détachement abyssin dans la vallée du Sobat, et signature de traités avec les chefs des tribus locales. Marchand est en position de force.
  • 2 septembre : Kitchener, dit « Sirbar », bat les Mahdistes à Omdurman.
  • 18 septembre : Kitchener écrit à Marchand lui précisant ses victoires et lui annonçant son arrivée à Fachoda.
  • 19 septembre : Marchand répond en faisant état de ses traités et de sa légitimité, mais l’armée anglaise arrive
  • avant la fin de la journée et a lieu, la rencontre entre les deux chefs.

L’Anglais laisse entendre que la présence des Français sur le Nil peut provoquer la guerre entre ces deux nations et que son devoir est de protester contre cette présence. Le Français rétorque qu’il a pris possession de Fachoda au nom de son gouvernement et qu’il ne peut en partir que sur son ordre. Kitchener propose alors d’arborer aussi son drapeau, celui de l’Égypte jusqu’à la décision des deux gouvernements. Et, au cours d’une réunion de tous les officiers des deux nations, Kitchener annonce froidement que le gouvernement français ne soutiendra pas Marchand car il a autre chose à faire en ce moment avec l’affaire Dreyfus.

Il y a en effet changement de gouvernement en France.Dans un premier temps, en France, on ne veut pas abandonner Fachoda. Mais la fermeté ne dure pas. Le ministre Delcassé en sera rendu responsable, injustement sans doute, pour avoir liquidé une partie qu’il n’avait pas engagée lui-même, et les Anglais donnèrent une version des événements qui les posaient en sauveurs de Marchand et de sa troupe par leurs victoires sur l’armée Mahdiste.

  • 20 octobre : Baratier et Marchand au Caire, rapports par télégrammes.
  • 26 octobre : Baratier fait le voyage Alexandrie-Paris, pour rencontrer Delcassé.
  • 3 novembre : le conseil de cabinet à Paris annonce officiellement l’évacuation de Fachoda.
  • 6 décembre : Retour de Marchand et de Baratier à Fachoda.
  • 11 décembre 1898 : le drapeau français est descendu du mat, les clairons sonnent, les canons tonnent, les hommes de la mission montent à bord du « Faidherbe ». C’est le départ, l’adieu à Fachoda et le retour par l’Abyssinie, dernier honneur pour les Français, à ne pas revenir par l’Égypte des Anglais.

Fachoda pour l’histoire

 

La mission Marchand aura traversé l’Afrique depuis l’Atlantique jusqu’à l’Océan Indien, grand exploit d’exploration, dont peut s’enorgueillir la France.

Mais cet exploit inutile aura aussi dévalorisé la politique des gouvernants français et aura montré l’instabilité des institutions françaises.

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