15 fév « BD et cinéma : influences croisées »

Le cinéma (7ème art) et la bande dessinée (9ème art) sont deux arts intrinsèquement liés. L’un influence l’autre par ses choix et codes artistiques : dans quel ordre et à partir de quand ? mais aussi avec plus ou moins de bonheur. C’est de ces influences croisées et réciproques dont nous entretiendra Jean-Paul FARGIER, vice-président de l’Académie de Lascours. Pionnier de l’art vidéo et cinéaste, il est aussi un grand lecteur et connaît donc la puissance du crayon qui sait se prolonger dans l’objectif de la caméra.

Si les premiers phylactères (bandeaux) ont fait parler les images du Moyen-Âge pour accompagner les récits, il a fallu attendre des temps modernes pour que la parole vienne aux bandes dessinées et que soit abandonnée la narration écrite en-dessous de l’image. (Le sapeur Camembert, Les Pieds Nickelés où l’auteur Forton a dû se battre pour écrire une bande dessinée plus dynamique avec des bulles comme chez les Américains). L’avènement du cinéma parlant y serait-il aussi pour quelque chose ? En effet, très tôt aux États-Unis, tout rapproche bande dessinée (les comics) et cinéma et l’histoire de ces deux supports se confond depuis des décennies au point qu’on peut se demander parfois lequel est venu au secours de l’autre, citons Batman, Superman, Spiderman ainsi que les personnages de Walt Disney.

En Europe, l’usage des bulles s’est répandu plus tardivement, dans les années 1950, grâce à la diffusion des magazines et journaux. Et les transpositions à l’écran des bandes dessinées francophones ont trouvé leur voie d’abord sous la forme de dessins animés (référence aux cartoons américains comme Popeye) avant de trouver le succès grâce à des adaptations beaucoup plus libres, ainsi celles des Aventures d’Astérix et Obélix, pour que l’esprit BD soit restitué.

Jean-Paul Fargier nous propose une croisière entre des films qui manifestent un grand intérêt pour l’art de la BD et des albums de BD qui affichent leur admiration envers le cinéma. Chacun cherchant à tirer quelque chose de l’autre art pour améliorer, renouveler le sien. C’est ainsi que nous rencontrons Gérard Depardieu jouant à imiter Popeye dans un film d’Alain Resnais. On sait que par la suite Gérard Depardieu sera Obélix (et sa potion magique, référence aux épinards de Popeye ?). Récemment, l’acteur devient lui-même le héros d’une bande dessinée, qui raconte sa vie pendant 5 ans.

L’auteur, Mathieu Sapin, fait un pas de plus dans l’innovation formelle et narrative en n’étant pas qu’un simple accompagnateur neutre et nous faisant part de ses propres pensées. Cet album est l’occasion de remonter à travers l’histoire de la Bande dessinée pour voir apparaître les solutions que les dessinateurs ont inventées, depuis les origines du genre (Töpffer, Christophe, Caran d’Ache) jusqu’à aujourd’hui, en passant par les grands auteurs comme Hergé le père de Tintin, Uderzo dessinateur d’Astérix et Obélix, Morris créateur de Lucky Luke… Comment chacun joue avec les bulles qui contiennent les dialogues, et avec le texte de la narration écrite. Comment la BD moderne, actuelle, trouve de nouvelles solutions très ingénieuses, graphiquement surprenantes.

Une autre grande figure de la bande dessinée, Goscinny, a créé un nombre incalculable de personnages (le Petit Nicolas, Lucky Luke, Astérix, Obélix et leurs compagnons) tout en parodiant dans ses histoires des scènes de films célèbres (la partie de cartes de Pagnol, la poursuite de la diligence de John Ford, les Dalton dansant sous la pluie, la course de chars de Ben Hur, le bain de Cléopâtre, les trains dans la prairie, les Indiens, etc.)

On s’intéressera à la BD moderne en feuilletant les livres de l’Iranienne Marjane Satrapi (Persépolis et Broderies), d’abord dessinatrice/narratrice devenue ensuite réalisatrice de films où elle importe des effets de BD (animaux qui parlent dans The Voices).

Il existe actuellement beaucoup plus d’adaptations de bandes dessinées pour le cinéma que le contraire. On attend avec impatience la sortie sur grand écran en 2018 de deux séries emblématiques : Spirou et Fantasio ainsi que Gaston Lagaffe. Ces transpositions de BD au cinéma font l’objet d’une véritable frénésie. Aujourd’hui, les ventes d’albums de bandes dessinées sont supérieures aux ventes de romans traditionnels, c’est dire l’intérêt que suscite le genre, le film créant une énorme caisse de résonance, mais très surveillé par des lecteurs vigilants et très exigeants. Toujours la même question, comment transposer un univers aussi riche en un film de 1 h 30 ? Le film ne prétend jamais être la BD mais se veut apporter une autre vision artistique de l’œuvre originale.

 

Informations

  • Quand : jeudi 15 février 2018 à 18h30
  • Où : au château du Val de Cèze, 68 rue Léon Fontaine à Bagnols sur Cèze. Entrée libre et gratuite.
  • Repas : sur place au restaurant du château. Menu complet – entrée, plat, dessert, vin, café : 25€.

Image de Une : Effnheimr (CC:BY-NC-SA)

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